4 nov. 2005

Trente-huit ONG exigent une réforme radicale pour les droits de l’Homme


UN Watch et 37 de ses consoeurs demandent que le futur Conseil des droits de l’homme de l'ONU trie ses membres selon des critères de respect de ces droits
  — L'Agefi, Jan Marejko,  24 Nov. 2005 


UN Watch et 37 de ses consoeurs demandent que le futur Conseil des droits de l’homme de l'ONU trie ses membres selon des critères de respect de ces droits.

La réforme de l'ONU est à l'ordre du jour, mais ce «machin», comme disait le Général de Gaulle lorsqu'il parlait de cette organisation, est devenue une machine à Tinguely. Si compliquée que personne ne sait par quel bout commencer, à une exception! La Commission des droits de l'homme. L’auteur de ces lignes interviewait, il y a 25 ans, Walter Berns, délégué américain à cette commission, et profitait de cette occasion pour prendre connaissance des discours qu'on y tenait. Déjà à l'époque, il était difficile d'imaginer comment aller plus loin en matière de langue de bois, mais depuis lors on a encore progressé dans l'absurde avec des résolutions ubuesques présentées par les représentants de régimes sanguinaires ou tyranniques. Lorsque Vieira de Mello, homme intègre et intelligent, accepta de prendre la direction de cette commission, il était soit inconscient, soit déterminé à la restructurer intégralement.

Le plus triste est que c'est probablement au niveau de cette Commission des droits de l'homme que les Nations Unies pourraient encore faire encore un peu de bien sur cette planète, c'est-à-dire alerter la communauté internationale sur l'imminence d'un génocide et prendre les mesures qui s'imposent. Non pas avec des casques bleus qui, après les réseaux pédophiles qu'ils ont créés en Afrique et en Bosnie ou après leur inutilité manifeste au Proche-Orient, ne sont plus crédibles, mais avec une coalition de forces armées de divers pays, sur le modèle de l'OTAN. Cela dit et avant toute discussion sur la nature de cette force armée, c'est la composition de la Commission des droits de l'homme qui importe. Un premier pas a été franchi avec un changement de nom. Il est prévu de mettre en place un Conseil des droits de l'homme. Avant-hier, l'ONG UN Watch, en association avec pas moins de 37 ONG, demandait aux Nations Unies d'accepter un principe rien moins que révolutionnaire, à savoir n'accepter dans ce conseil que des nations répondant à certains critères en matière de respect des droits de l'homme.

Comment nier qu'une telle proposition est le préalable nécessaire à toute réforme sérieuse de cette commission? On se demande même, non sans stupéfaction, comment la Commission des droits de l'homme a pu fonctionner pendant des décennies en admettant en son sein des Etats totalitaires, voire génocidaires. Il est probable qu'un tel sentiment de stupéfaction a dû s'emparer de Kofi Annan et le pousser à faire cette remarquable déclaration: «Cette Commission des droits de l'homme, a-t-il déclaré, était infectée à tel point par la politique politicienne et certains modes de sélection qu'elle ne pouvait plus être guérie.» Le secrétaire général des Nations Unies ne s'est pas arrêté en si bon chemin: «Nous avons atteint un point, a-t-il encore précisé, où la crédibilité déclinante de la Commission des droits de l'homme a fini par être dommageable pour la réputation de l'ONU en tant qu'institution, de sorte qu'envisager des réformes partielles de cette commission n'est plus possible.» On ne pourrait être plus clair.

Le plus intéressant est que UN Watch, qui a certainement joué un rôle fondamental dans la proposition de trier à l'avenir les membres du Conseil des droits de l'homme, se retrouve aux côtés d'autres ONG comme «Arab Organization for Human Rights», «African Services Committee», «Freedom House», «Transnational Radical Party», «World Federalist Movement, «World YWCA». Très large spectre qui pourrait très vite donner l'espoir d'un dépassement des fractures idéologiques qui ont paralysé l'ONU depuis sa création. On s'imagine trop facilement qu'une fois entrées à L'ONU les nations entrent dans une sorte d'état de grâce qui leur permet de se soucier de l'avenir de la planète ou du bien de l'humanité. En réalité, depuis 1945, c'est l'inverse qui s'est presque systématiquement produit. Une fois entrées dans l'enceinte de cette organisation, la plupart des nations se sont retrouvées otages de groupes d'intérêts et surtout de regroupements idéologiques envers lesquels elles n'osaient pas prendre la moindre distance et qui les amenaient à désigner un bouc émissaire responsable de tous les malheurs du monde. Si un nouveau Conseil des droits de l'homme parvenait à faire sortir les délégués de cette logique infernale du bouc émissaire, on peut dire, pour une fois, que L'ONU aurait alors fait un pas décisif en direction d'un minimum de décence dans le traitement des affaires humaines.

(Pour voir l'original, cliquez ici)

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