26 mai 2009

Difficile session spéciale du Conseil des droits de l’homme

 

"...Des ONG telles que UN Watch qualifie ce projet de résolution de «plaisanterie»..."-- S. Bussard, "Difficile session spéciale du Conseil des droits de l’homme" Le Temps, May 26, 2009.


Par Stéphane Bussard


Deux projets de résolution concurrents sont en discussion cet après-midi. Alors que l’institution onusienne espère toujours travailler par consensus, elle risque d’être déchirée par un vote sans doute favorable à Colombo

Que faut-il attendre de la session spéciale du Conseil des droits de l’homme (CDH) consacrée au Sri Lanka et qui débute cet après-midi? Une âpre dispute entre un groupe de 17 Etats qui ont appelé à une session extraordinaire et des Etats «amis» de Colombo. Ces derniers ont déposé la semaine dernière un projet de résolution saluant les efforts entrepris par le gouvernement sri lankais en faveur des 300 000 personnes déplacées en raison du conflit entre l’armée et les Tigres tamouls.
Lundi, c’est la Suisse qui a déposé un projet de résolution concurrent au nom d’un groupe transrégional au sein duquel sont représentés l’Union européenne, le Mexique et le Chili ou encore l’île Maurice. Le texte ne condamne pas Colombo. Ce n’est d’ailleurs pas la philosophie du CDH. Il ne demande pas non plus une commission d’enquête internationale, mais il relève que les Etats qui soutiennent la résolution sont «gravement préoccupés par les violations des droits humains et du droit humanitaire commises pendant le conflit armé». Il exhorte les autorités sri lankaises à assurer un plein accès aux victimes. Des ONG telles que UN Watch qualifie ce projet de résolution de «plaisanterie».

Groupe transrégional


Fort du soutien du Pakistan, de la Chine, de Cuba ou encore de l’Inde, l’ambassadeur du Sri Lanka à Genève, Dayan Jayatilleka, estime que cette session spéciale n’était pas nécessaire, puisque «la guerre de vingt-cinq ans est finie». Il a longtemps refusé de voir les ambassadeurs favorables à une session spéciale. Celle-ci n’est pourtant pas dépourvue d’enjeux. Le principal a trait à la méthode. Après la manière brutale de l’UE d’aller chercher des signatures dans les capitales latino-américaines plutôt que de parler aux diplomates présents à Genève, un groupe transrégional s’est formé pour insuffler une dynamique qui fasse fi des blocs régionaux qui n’ont cessé de paralyser le CDH. Son défi: réussir à obtenir le consensus. La tâche sera ardue. Il a fallu trois ans pour que le CDH parvienne à convoquer une telle session. Aujourd’hui, les 13 Etats membres qui soutiennent le projet de résolution «transrégional» pourraient subir une sévère défaite lors d’un vote favorable à Colombo. Au grand dam du Conseil.


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