30 nov. 2011

La Syrie experte en droits de l'homme à l'Unesco!



"La Syrie entre dans un comité chargé des droits humains au sein de l'organisation UNESCO. Malaise au sommet! … Passée inaperçue, cette promotion a été révélée publiquement le 23 novembre par l'organisation UN Watch, basée à Genève. «C'est une honte que l'agence onusienne de la science, de la culture et de l'éducation agrée un pays qui tue son propre peuple et lui donne des pouvoirs de décider des questions sur les droits de l'homme à l'échelle internationale», relevait Hillel Neuer, directeur de cette ONG qui surveille les activités de l'ONU."La Tribune de Genève, Nov. 30, 2011.



Par Cathy Macherel




La Syrie entre dans un comité chargé des droits humains au sein de l'organisation. Malaise au sommet!


La Syrie serait-elle particulièrement compétente pour juger des cas de violations des droits de l'homme? Il faut le croire au vu de sa récente promotion au sein de l'Unesco! Le 11 novembre dernier, le conseil exécutif de cette agence onusienne, composé de 58 nations dont les Etats- Unis et la France, a en effet donné à l'unanimité son accord à l'accession de la Syrie à deux comités de l'organisation. Pas piqué des vers: l'un de ces comités est chargé d'«examiner les informations sur les cas de violations des droits de l'homme dans les domaines de l'éducation, des sciences et de la culture». Par exemple, les violations concernant la liberté d'expression ou d'informer.


Passée inaperçue, cette promotion a été révélée publiquement le 23 novembre par l'organisation UN Watch, basée à Genève. «C'est une honte que l'agence onusienne de la science, de la culture et de l'éducation agrée un pays qui tue son propre peuple et lui donne des pouvoirs de décider des questions sur les droits de l'homme à l'échelle internationale», relevait Hillel Neuer, directeur de cette ONG qui surveille les activités de l'ONU.


L'affaire suscite le malaise au sein même de l'organisation déjà sous le feu de la polémique depuis l'adhésion pleine et en fanfare de la Palestine. Sa directrice générale, Irina Bokova, n'a pas caché son irritation en soulignant en termes diplomatiques pour le comité exécutif qu'au vu des développements en Syrie, elle ne voit «pas comment ce pays pourrait contribuer au travail de ces comités». Au sein de l'organisation sise à Paris, Susan Williams, porte-parole, précise le contexte de cette décision: «Ces comités ont un certain nombre de sièges réservés pour chaque région du monde. Les pays arabes avaient décidé de donner un siège à la Syrie pour deux d'entre eux et ces recommandations ont été adoptées à l'unanimité par le comité exécutif. » Autrement dit, sans se poser trop de questions. Susan Williams souligne au passage que «d'autres agences de l'ONU utilisent la même approche pour choisir les membres des comités, agréant les choix des groupes régionaux». Mais à ce niveau-là aussi, il y a de quoi s'étonner: le lendemain de cette promotion arabe de la Syrie à l'Unesco, la Ligue arabe prononçait l'exclusion de ce pays de ses rangs!


Communication qui n'est pas le fruit du hasard? Deux jours après l'indignation d'UN Watch, la directrice de l'Unesco condamnait avec force l'assassinat d'un caméraman syrien, Fersat Jarban, liquidé pour avoir filmé des manifestations anti-gouvernementales à al- Qasir (Est). Son corps, mutilé, avait été découvert le 20 novembre, au lendemain de son arrestation.

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