14 mars 2012

Le Conseil des droits de l’homme de l'ONU prépare une résolution louant la performance de Kadhafi en matière de droits humains


UN Watch affirme que l’examen de 2010 a avorté et s'oppose à son adoption aujourd'hui 

La directrice d’Amnesty International Etats-Unis dit que
le rapport est «odieux» et à «refaire»
GENÈVE, 14 Mars 2012   - Un rapport des Nations unies louant la performance du régime de Kadhafi en matière de droits de l’homme fera aujourd'hui l’objet d’une audience finale en séance plénière, avant d'être formellement adopté la semaine prochaine par le Conseil des droits de l'homme, suscitant l'indignation des militants des droits de l'homme de UN Watch et d'Amnesty International États-Unis.

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La Libye a été examinée par le conseil le 9 Novembre 2010 et le rapport, truffé de louanges pour le régime de Kadhafi, devait être adopté pendant la session de mars 2011.


Toutefois, la vive protestation de l’organisme non-gouvernemental de surveillance UN Watch, qui a aussi mené avec succès l'an dernier une campagne d’ONG pour retirer la Libye du Conseil des droits de l'homme de l’ONU, a fait les manchettes du New York Times et d'autres médias dans le monde entier, poussant l’ONU, embarrassée, à reporter l'adoption du rapport à 2012.

« L’examen du régime de Kadhafi par le Conseil fut une fraude et devrait être déclaré nul et non avenu », a déclaré Hillel Neuer, directeur général de UN Watch.

De même, Suzanne Nossel, directrice générale d'Amnesty International Etats-Unis et ancienne haute fonctionnaire en matière des droits de l’homme  dans le gouvernement Obama, a récemment décrit le rapport de l'ONU comme étant «odieux» et à « refaire ».

Malgré sa propre enquête, réalisée cette année, qui a constaté des preuves de crimes de guerre commis par le régime de Kadhafi, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU tiendra aujourd'hui une audience finale sur le résultat de l'examen de la Libye, qui sera officiellement adopté la semaine prochaine.

L’effet principal de ce rapport, a déclaré Neuer aujourd'hui, « a été à de louer à tort le régime oppressif de Kadhafi, d’insulter ses victimes et de nuire à la réputation de l'ONU ».

« Le rapport contredit complètement la propre commission d'enquête du Conseil, qui a constaté des preuves de crimes de guerre commis par Kadhafi. L'examen devrait être entièrement refait et le Conseil devrait donner un exemple d’imputabilité en reconnaissant que son examen initial était profondément vicié ».

« Bien que le mécanisme d'examen périodique universel (EPU) soit souvent décrit comme la grâce salvatrice du Conseil, la grande majorité des membres du Conseil l’utilise pour louer à tort  la prétendue promotion des droits de l'homme par le régime de Kadhafi», a déclaré Neuer.

Le rapport fait également l'éloge de la performance de l'ancien régime par des diplomates transfuges nommés sous l'ère Kadhafi et qui représentent désormais le nouveau gouvernement. « Alors que les diplomates de la Libye à l'ONU admettent que le régime de Kadhafi violait grièvement les droits de l’homme, il serait absurde que l'ONU adopte ce faux rapport», a déclaré Neuer.

« Nous appelons le président du Conseil à reconnaître que l'examen de la performance du régime de Kadhafi était une fraude, à retirer le rapport et à programmer une nouvelle session dans laquelle les membres du Conseil diraient la vérité sur les crimes odieux du régime de Kadhafi, lesquels ont été commis au cours de quatre décennies, mais ont été ignorés par l'ONU », a déclaré Neuer. « Les victimes de la Libye qui ont longtemps souffert ne méritent rien de moins ».

Le sommaire du rapport des Nations Unies note que les délégations « félicitent la Jamahiriya arabe libyenne » et qu'elles « ont pris note avec satisfaction de l'engagement du pays à respecter les droits de l'homme sur le terrain».

Chronologie : la campagne de UN Watch pour retirer la Libye du Conseil des droits de l'homme
  • Mai 2010 : UN Watch mène la protestation  de 37 ONG à la veille de l'élection de la Libye au Conseil à l’occasion d’un événement tenu au siège de l'ONU à New York largement rapporté par les médias, ainsi qu’une campagne de courriers électroniques de masse. Les pays sont instamment invités à s'opposer à la candidature de Kadhafi. Or, l'ONU élit au scrutin secret la Libye avec une majorité écrasante de 155 votes sur 192 à l’Assemblée générale de l’ONU. UN Watch met en garde à  la télévision suisse que le gouvernement de Kadhafi est un   "régime meurtrier et raciste."   Pas un seul pays ne se prononce contre la candidature de la Libye ou de son élection.
  • Septembre 2010 : La Libye prend son siège au Conseil. UN Watch lance un  campagne mondiale, soutenue par 30 ONG et des  victimes  des violations libyennes pour le retrait du régime de Kadhafi. Pour confronter les Libyens en séance plénière, UN Watch présente Bob Monetti , dont le fils âgé de 20 ans a été assassiné lors de l’attentat libyen contre le vol Pan Am 103 en 1988; Mohamed Eljahmi, frère du dissident assassiné Eljahmi Fathi; Kristyana Valcheva, l'une des cinq infirmières bulgares qui ont été piégées, emprisonnées et torturées pendant huit ans,  faussement accusées d’avoir inoculé le VIH à des enfants; Ashraf El-Hajouj, le médecin palestinien piégé et torturé avec les infirmières. Les Libyens et leurs régimes alliés interrompent grossièrement les orateurs. L'incident et l'appel des victimes à retirer la Libye du Conseil sont largement rapportés dans des articles de  Voice of America  et de  l'Agence France Presse dédiés à la question, ainsi que dans un article-vedette de la revue suédoise Neo. « Le Conseil des droits de l’homme légitime le ‘régime meurtrier’ de Kadhafi,"  rapporte   Radio Nederland à propos de la campagne de UN Watch. Toutefois, le Conseil onusien et ses États membres gardent le silence.
  • Novembre 2010:   Lorsque le bilan catastrophique de la Libye en matière des droits humains est abordé dans le cadre de la procédure d'examen universel du Conseil, UN Watch renouvelle  son appel au retrait du régime Kadhafi. L'appel est rapporté par la DPA allemande, Swissinfo  et ailleurs. Toutefois, le Conseil onusien et ses États gardent le silence.
  • 21 février 2010:   Travaillant en étroite collaboration avec le dissident libyen Mohamed Eljahmi - qui sonne l'alarme sur les atrocités massives commises par le régime de Kadhafi – UN Watch dirige un appel international  lancé par 70 groupes de droits humains pour le retrait de la Libye. Cet appel pour que l’ONU agisse est rapporté dans le monde entier. Trois jours plus tard, l'UE demande une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme, mais ne parvient pas à contester l'adhésion de la Libye au Conseil.
UN Watch a été la principale voix aux Nations unies à contester pendant plusieurs années les violations libyennes des droits de l’homme. Pour visionner nos vidéos, cliquez ici.


Traduction grâce à CERJI/CIJA 

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