1 nov. 2007

L’Organisation des Nations Unies et l’antisémitisme


Un rapport de UN Watch présenté à l’Université de Yale, Etats-Unis.

Sommaire Exécutif


L’antisémitisme, pour reprendre les mots de M. Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU, constitue une manifestation de haine, d'intolérance et de persécution unique dans l'Histoire et est souvent le signe avant-coureur d'autres formes de discrimination à l’égard d’autres minorités.


Alors que nous assistons à une résurgence alarmante de ce vieux fléau, notre rapport analyse et mesure les performances des organes et personnalités clefs des Nations Unies en matière de lutte contre l’antisémitisme ces trois dernières années. L’objectif est ici de vérifier que ces performances soient conformes à l’appel à l’action lancé par l’ancien Secrétaire général de l’ONU M. Kofi Annan, en juin 2004.


Aujourd’hui plus que jamais, il est du devoir de l’ONU de respecter cette promesse.


Dans un premier temps, le rapport souligne les progrès encourageants réalisés par l’ONU dans certains domaines relatifs à la lutte contre l’antisémitisme. Néanmoins, ce même rapport révèle également l’inaction de l’organisation internationale et, pire encore, son encouragement, dans certains cas, de l’antisémitisme à travers l’adoption de mesures manifestement partiales et disproportionnées dont l’objectif premier est la diabolisation d’Israël.


Dans la lutte contre l’antisémitisme, il est évident que l’ONU doit agir davantage.


Plusieurs avancées majeures sans précèdent ont été réalisées depuis juin 2004 sous la présidence du Secrétaire général Annan. La plupart de ces progrès ont été réalisés en ecd qui concerne la commémoration de l’Holocauste. En effet, une journée annuelle de commémoration de la Shoah est désormais célébrée à l’ONU. De même, l’Assemblée générale a tenu une session extraordinaire sur la libération d’Auschwitz en janvier 2005. Enfin, l’ONU a mis en place un programme d’éducation sur l’Holocauste. Ces efforts permettront au moins de répondre au négationnisme ambiant – un antisémitisme pernicieux qui a pris la forme d’une campagne mondiale menée par le gouvernement iranien. Ce n’est pas un hasard si celui qui qualifie l’Holocauste de « mythe » affirme également vouloir « achever le travail ». A leur crédit, les principaux organes de l’ONU – le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale – ainsi que les personnalités les plus importantes de l’instance internationale tels que M. Annan ou l’actuel Secrétaire général M. Ban Ki Moon ont publiquement condamné l’incitation à la haine prêchée par le Président Ahmadinejad. Cette admirable réponse ne doit pas apparaître comme un cas isolé. Au contraire, elle devrait être soutenue et réitérée après chaque offense.


Malheureusement, certains hauts fonctionnaires de l’ONU n’ont pas répondu à cet appel. Ainsi, avons-nous remarqué, après avoir examiné la totalité des actions publiques de la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, Mme. Louise Arbour, que cette dernière n’avait entrepris aucune action significative pour lutter contre le négationnisme ou toute autre forme d’antisémitisme.


Ce manquement est décevant et préoccupant, précisément parce que Mme Arbour est chargée de superviser les efforts de l'ONU en matière de protection des droits de l'Homme et de lutte contre le racisme.


D’autres fonctionnaires onusiens travaillant dans le domaine des droits de l’Homme ont pris plusieurs mesures positives en ce qui concermne la lutte contre l’antisémitisme. Ainsi Doudou Diene, rapporteur des Nations Unies contre le racisme, a-t-il, à plusieurs reprises, confronté le gouvernement iranien pour ces déclarations antisémites, enjoignant le régime de répondre de ses actes. Néanmoins, une conférence sur le racisme et l’antisémitisme organisée par M. Diene en 2004, sur laquelle s’appuie l'un de ses rapports sur l’antisémitisme, a soulevé de sérieux doutes pour s’être appuyé essentiellement sur un auteur français connu surtout pour son opposition à la lutte contre l’antisémitisme. Les analyses de Doudou Diène sont rendues incohérentes par ce type de référence ; certains de ses rapports condamnent le déni du droit d’existence d’Israël en tant qu’Etat juif alors que d’autres considèrent ce déni comme une forme legitime d’antisionisme.


Asma Jahangir, expert onusien sur la liberté de religion dont le mandat comprend l’intolérance religieuse, a abordé le phénomène de l'antisémitisme en France au cours de sa mission dans l’Hexagone. Toutefois, dans l'ensemble, elle n'a pas véritablement adressé le problème de manière critique.


Une protestation rédigée par A. Jahangir et D. Diène a été envoyée à l’Arabie Saoudite concernant la publication d’un dessin antisémite dans un journal sous contrôle de l’Etat. Néanmoins, les deux experts onusiens ont manqué de reconnaître que ce phénomène n’était pas un simple cas isolé, mais plutôt une pratique de propagande antisémite qui prévaut dans la région. De même, malgré les demandes répétées de UN Watch et d’autres groupes et individus, les deux experts n'ont pas suffisamment insisté sur le problème de l’incitation à la haine contre les Juifs, Chrétiens et autres communautés non-musulmanes, présente dans les livres de classe distribués par les gouvernements égyptien et saoudien.


Alors qu’il est nécessaire de mesurer les efforts des Nations Unies en matière de lutte contre l’antisémitisme, il est également important de prendre en considération les tentatives qui sont mises en place pour polluer cette cause au sein même de l’organisation mondiale. Ainsi, le bloc islamique composé de 56 Etats a-t-il lancé une campagne constante dans les organes principaux de l’ONU pour vider l’antisémitisme de son sens propre. En effet, il défend l’argument absurde selon lequel le terme "antisémitisme" se référerait également à la haine à l’égard des Arabes et des Musulmans. Il s’agit là d’une vicieuse et dangereuse distorsion de langage et de sens désignée à empêcher l’ONU d’exprimer de la sympathie à l’égard des Juifs en tant que victimes, et qui a pour objectif de créer une forme d’immunité pour certains Etats arabes et musulmans accusés de renforcer et d'encourager l’antisémitisme.


Enfin, le présent rapport examine l’assaut des résolutions partiales à l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU qui contribuent – soit intentionnellement, soit par leurs effets – à créer une atmosphère qui diabolise l’Etat juif et encourage l’hostilité à l’égard des juifs en général. Au cours des dernières années, quelques Etats uniquement ont fait l’objet de critiques à l’Assemblée Générale, entraînant, pour chacun d'eux, l’adoption d’une seule résolution à chaque fois. A l’inverse, pas moins de 22 résolutions ont eu pour cible Israël. Pire encore, en 2006 et 2007, 100 pour cent des résolutions condamnatoires du conseil des droits de l’homme étaient adoptées contre Israël, tandis que les violations des droits de l’homme commises dans les 191 autres Etats membres des Nations Unies, dont les pires régimes oppresseurs, restaient ignorées.


Tout ceci ressemble fort à une obsession irrationnelle des principaux organes de l’ONU qui s’acharnent à appliquer un traitement particulier à Israël, plaçant ainsi l’Organisation au cœur même de la campagne internationale de déligitimisation et diabolisation de l’Etat hébreu.


Certains observateurs soutiennent que ces résolutions n’ont de toutes façons aucun effet et ne sont, par conséquent, pas dangereuses. Néanmoins, une analyse minutieuse des discours et articles publiés au Proche-Orient démontre que les Etats extrémistes et les groupes terroristes utilisent précisément ces résolutions afin de justifier leur causes et de délégitimer Israël. Par ailleurs, un des effets indirects de ces résolutions partiales est de donner l’impression qu’Israël est un Etat hors-la-loi et par association que les juifs sont criminellement responsables. Ceux qui commettent des actes antisémites dans le monde ont souvent justifié leurs gestes en invoquant l’animosité qu’ils ont à l’égard d’Israël.


En conclusion, dans certains domaines, des progrès ont été réalisés à l’ONU depuis juin 2004. Néanmoins, dans d'autres domaines, les Nations Unies ont fait preuve d’une frilosité déplorable qui entraîne l’organisation sur la voix de la stagnation ou pire encore, sur celle de la régression. L’ONU a un rôle fondamental à jouer dans la lutte contre l’antisémitisme et doit commencer par respecter sa promesse.

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