21 mai 2008

Nouvelle élection disputée au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU


"...Selon [UN Watch and Freedom House], Bahreïn, Pakistan, Sri Lanka, Gabon et Zambie ne sont "pas qualifiés", tandis que trois pays sont jugés 'douteux': Brésil, Burkina Faso et Timor oriental..." —  Agence France Presse, également publié dans Gaboneco (Gabon) et Jeune Afrique (online), 21 Mai 2008.

L'élection de quinze pays au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, prévue mercredi, s'accompagne à nouveau de polémiques, les ONG faisant campagne contre les candidatures d'Etats jugés indignes d'y siéger, tels le Sri Lanka.

L'élection cette année se pimente en outre d'une compétition ardente entre l'Espagne, la France et la Grande-Bretagne pour deux sièges à pourvoir dans le groupe "Europe occidentale et autres", dont le perdant sera recalé.

Le vote se déroule à l'Assemblée générale de l'ONU, où siègent les 192 Etats membres. Pour être élu, un pays doit obtenir la majorité absolue, 97 voix.

Le Conseil des droits de l'Homme, basé à Genève, compte 47 membres. Créé en 2006, il a remplacé la Commission des droits de l'Homme, discréditée pour ses règles laxistes qui permettaient à des pays au piètre bilan en la matière d'y siéger et de se soustraire à tout examen.


Les Etats-Unis, grands pourfendeurs de la Commission, n'ont pas approuvé la création du Conseil, estimant que ses règles ne garantissaient pas son efficacité. Ils refusent d'y siéger.

De fait, deux ans après, le bilan du nouvel organe est lui aussi très critiqué. On lui reproche de ne pas agir sur les dossiers de pays connus pour leurs violations des droits de l'Homme comme le Soudan au Darfour, tout en consacrant beaucoup de temps à critiquer Israël pour son traitement des Palestiniens à Gaza.

Cette année, 19 pays seulement se disputent les 15 sièges à pourvoir, répartis en zones géographiques. Cela illustre l'une des faiblesses du système, ses détracteurs affirmant qu'une concurrence insuffisante ne permet pas de sélectionner les pays les mieux qualifiés.

Les jeux sont faits d'avance pour les groupes Afrique et Amérique latine, où le nombre de candidats coïncide avec celui des sièges à pourvoir, respectivement quatre (Gabon, Ghana, Mali, Zambie) et trois (Argentine, Brésil, Chili).

Pour l'Europe de l'est, trois pays (Ukraine, Serbie, Slovaquie) se disputent deux sièges.

Pour quatre sièges vacants en Asie, six pays sont candidats: Japon, Corée du sud, Pakistan, Sri Lanka, Bahrein et Timor.

Selon le règlement du Conseil, chaque candidat doit être évalué selon des critères comme les droits politiques et les libertés publiques et de la presse, ainsi que sur son attitude à l'ONU en matière de promotion des droits de l'Homme.

Deux ONG, UN Watch et Freedom House, ont réalisé cette évaluation. Selon elles, Bahreïn, Pakistan, Sri Lanka, Gabon et Zambie ne sont "pas qualifiés", tandis que trois pays sont jugés "douteux": Brésil, Burkina Faso et Timor oriental.

Les onze autres sont en revanche considérés comme "bien qualifiés" pour entrer ou rester au Conseil.


Pour l'Europe occidentale, la course s'annonce serrée pour deux sièges entre France, Grande-Bretagne et Espagne. Les deux premiers, qui sont déjà au Conseil et tentent d'y conserver leur siège, ont mené une vigoureuse campagne auprès des Etats membres à New York.

L'ambassadeur de France pour les droits de l'Homme, François Zimeray, y est venu deux fois, soulignant que Paris n'entendait pas s'ériger en donneur de leçons en matière de droits de l'Homme.

"Nous ne nous sentons pas qualifiés pour donner des leçons aux autres, même si nous avons un message à porter, hérité de notre Histoire", a-t-il dit à la presse début mai.

Mais le principal atout de la France, selon lui, n'est pas tant son Histoire que "le rôle essentiel qu'elle joue dans la recherche de consensus" sur la scène diplomatique internationale.

Rappelant que c'est en France que fut signée la Déclaration universelle des droits de l'Homme il y a 60 ans et que le pays assumerait au second semestre la présidence de l'Union européenne, M. Zimeray a reconnu qu'une non-réélection serait perçue comme une grosse déception à Paris.

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