1 mars 2013

L'ONU Ignore délibérément l'esclavage des temps modernes

Le Président allemand Joachim Gauck a ouvert la
session annuelle principale du Conseil des Droits
de l'Homme.
Genève, 25 février 2013 

(Photo: Keystone).
GENÈVE - Alors que des présidents et ministres des Affaires étrangères se sont réunis aujourd'hui au siège européen de l'ONU à Genève, le sommet parallèle sur les droits de l'homme  tenu par UN Watch figure sur la page de l'éditorial du National Post, quotidien canadien. Pour en savoir plus à propos du sommet de Genève de la semaine dernière. Consultez les  vidéos et des photos ainsi que des résumés écrits.

Editorial de Tom Gross, paru dans le National Post | 25 février 2013





L'ONU Ignore délibérément l'esclavage des temps modernes

Une fois de plus, le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU débute la session annuelle en se déshonorant par l'election de  la Mauritanie à la vice-présidence pour l'année prochaine.

Le CDH est l'organisme qui s'est acoquiné dans le passé avec les régimes de Kadhafi en Lybie et d'Assad en Syrie, qui a fait l'éloge du respect des droits de l'homme au Sri Lanka peu de temps après que l'armée de ce pays ait tué plus de 40 000 civils tamouls. Dans le hall d'entrée de la salle des réunions figurent toujours deux œuvres d'art: un don du régime égyptien de Moubarak , l'autre porte une plaque avec l'inscription suivante: «Statue de Némésis, déesse de la justice, offerte par le gouvernement syrien."


En décembre dernier le CDH a également nommé Alfred de Zayas un des conseillers principaux et ce, malgré le fait que ses livres sur la Seconde Guerre mondiale présentent les Allemands comme des victimes et les Alliés comme des auteurs d'actes de «génocide». De Zayas, sans nier l'Holocauste lui-même, est néanmoins devenu un héros pour de nombreux négationnistes, et ses opinions sont présentées sur plusieurs de leurs sites Web. Il réclame l'expulsion d''Israël de l'ONU, tout en défendant l'impitoyable régime iranien. Et maintenant, la Mauritanie a été choisie par le CDH pour assister à présider aux droits de l'homme dans le monde pour les 12 prochains mois. La Mauritanie, bien que cela soit  ignoré par presque tous les principaux groupes de défense des droits de l'homme, est un pays qui permet que 20% de ses citoyens, soit environ 800.000 personnes, dont certains n'ont que 10 ans, soient réduits en esclaves.
Tom Gross (à gauche.) modère une discussion au Sommet des
Droits de l'Homme organisé par 
UN Watch à Genève.

Dans le monde, environ 27 millions de personnes vivent encore dans des conditions de servitude forcée, et chaque année, au moins 700.000 personnes sont victimes de la traite internationale et réduites à l'esclavage, selon les chiffres compilés par le Département d'Etat américain, l'Organisation Internationale pour les Migrations et d'autres sources fiables.  Mais nulle part ailleurs, l'esclavage n'est pratiqué encore de façon aussi systématique qu'en Mauritanie; une république islamique où les imams ont souvent recours à leurs interprétations de la charia pour justifier la mise en esclavage forcé des Haratin, une minorité noire africaine à la peau plus foncée, par la majorité maure-arabe. 


"La situation est tout aussi mauvaise qu'elle l'était en Afrique du Sud du temps de l'apartheid , et à bien des égards, elle est pire», a déclaré la semaine dernière au cinquième sommet annuel de Genève pour les droits de l'homme et de la démocratie, Merzough Abidine, le coordinateur européen de l'ONG anti-esclavagiste Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie."Officiellement, et à cinq reprises  les autorités mauritaniennes ont aboli l'esclavage. Mais en réalité, l'esclavage existe exactement comme avant, légitimé par les imams et les autres membres du clergé qui écrivent les lois et émettent des fatwas justifiant l'esclavage ", a déclaré Merzough, lui même fils d'esclaves de Mauritanie, un exemple rare de quelqu'un qui a réussi à s'échapper et qui vit maintenant en Allemagne.


"La loi mauritanienne permet aux maîtres d'acheter ou de vendre des esclaves ou de louer des parties de leur corps. les esclaves doivent obéir ... La Mauritanie ne mérite pas d'être vice-président du Conseil des droits de l'homme.  Nous devons dénoncer cela. "- Abidine Merzough, militant anti-esclavagiste mauritanien s'exprimant au sommet des droits de l'homme d'UN Watch , 19.2.2013.















"Les esclaves sont la propriété de leurs maîtres, souvent dès la naissance. Il est licite pour leurs maîtres d'abuser sexuellement des femmes esclaves selon leur bon vouloir. Les maîtres peuvent acheter ou vendre des esclaves ou louer les services des parties de leur corps - bras, jambes, bouche, vagin. Les esclaves doivent obéir.C'est la loi islamique telle qu'elle existe aujourd'hui en Mauritanie ", a dit Merzough au Sommet de Genève, qui (tout à leur honneur) s'est tenu cette année en présence d'un petit nombre d'ambassadeurs des pays démocratiques du CDH (dont le Canada).
L'activiste pakistanaise Mukhtar Mai

L'année dernière, j'ai assisté à la fois au Sommet de Genève et à la séance d'ouverture du Conseil des droits de l'homme. Le contraste ne saurait être plus grand. J'ai regardé les ambassadeurs de l'ONU arriver en Mercedes avec chauffeur, puis se féliciter mutuellement, tout en taisant les violations des droits de l'homme à travers le monde.  

Le Sommet de Genève, en comparaison, est mis en place sur avec un budget très modeste par 20 ONG, menées par UN Watch, une organisation qui fait un si bon travail pour les droits de l'homme que le CDH ne devrait que baisser la tête de honte.

Au sommet de Genève de cette année, j'ai animé une table ronde avec Mme Mukhtar Mai (À droite), une femme d'un courage extraordinaire, qui a subi un viol collectif au Pakistan sur l'ordre d'un tribunal tribal après qu'il a été allégué (à tort) que son frère avait agi sans pudeur. Et après le viol, au lieu de se suicider (ce qui est fréquent au Pakistan après de telles sévices), elle a mené une bataille juridique pendant 10 ans, pour traduire les coupables en justice. Cette année parmi les autres intervenants au sommet de Genève, il y avait des dissidents, des survivants de la torture et des témoins du Congo, d'Iran, du Tibet, de la Syrie, de la Corée du Nord, ainsi que Piotr Verzilov, le mari de la chanteuse vedette emprisonnée du groupe russe des Pussy Riots. 

Lorsque William Hague, Ministre des Affaires étrangères britannique, et d'autres dignitaires se réuniront aujourd'hui à Genève, pour l'ouverture de la session annuelle de la CDH, ils pourraient se demander pourquoi ces dissidents n'ont pas été conviés pour leur parler. Et ils pourraient s'interroger aussi, pourquoi au lieu de demander des comptes à la Mauritanie, on la nomme vice-présidente de l'organisation.


Tom Gross est un ancien correspondant des affaires étrangères du London Sunday Telegraph.  




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire